Brasschaat célèbre l’Aviation Légère

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Brasschaat, le 28 mars 2014. Quelques cent cinquante personnes s’étaient réunies à l’appel des anciens de l’Aviation Légère de la Force Terrestre et des édiles de la commune de Brasschaat. Des personnalités éminentes de la Composante Air et du Wing Heli rehaussaient également la cérémonie de leur présence. La raison du rassemblement est simple à énoncer: l’inauguration de la « Licht Vliegwezenlaan » (avenue de l’Aviation Légère) avec tout l’éclat que méritait un tel événement. Cette avenue se substitue à la « Bondgenotenlei » (drève des Alliés) qui longe cet aérodrome historique et emblématique de l’aviation militaire belge.

Soixante ans d’histoire en raccourci: la plaque de l’avenue de l’Aviation Légère – ou Licht Vliegwezenlaan – à l’aérodrome de Brasschaat avec en perspective une rangée de Piper L-18 Cub, SV4b et deux Agusta A109BA.

 

C’est à l’initiative des Commandants Aviateurs (e.r.) Vic Brulez et Fred Bonaers que les autorités de la commune ont été sollicitées et ont acquiescé au baptême de l’avenue rappelant l’implantation des AOP (Airopees ou Air Observation Post) en 1947 qui sont devenus Aviation Légère de la Force Terrestre en 1954, soit une présence de soixante ans sur ce site militaire rendu légendaire par l’artillerie mais aussi par l’aérostation et par l’aviation.

 

La plaque est dévoilée par le bourgmestre de Brasschaat Jan Jambon, le Commandant Aviateur (e.r.) Vic Brulez (à la base de cette initiative) et le Lieutenant-général Aviateur Claude Van de Voorde, commandant de la Composante Air des Forces Armées Belges.

 

A l’issue de son allocution, le Cdt Avi. (e.r.) Vic Brulez a offert un tableau souvenir au bourgmestre de Brasschaat Jan Jambon qui a le Lieutenant-général Claude Van de Voorde, patron de la Composante Air, à ses côtés.

 

Brasschaat, tout premier aérodrome militaire belge

Premier site de l’artillerie de l’armée belge, le polygone de Brasschaat de très vaste étendue accueillit à plusieurs reprises, dans le cadre de manœuvres, les divers ballons de la Compagnie d’Aérostation avant qu’elle ne soit reconnue officiellement en tant que telle en 1912. Mais le destin aéronautique de Brasschaat prit vraiment tournure avec la création de l’école d’aviation militaire qui y fut établie le 1er mai 1911. La Compagnie des Aviateurs s’y développa fortement et effectua même des essais novateurs, en l’occurrence le premier (au plan mondial) tir air-sol à la mitrailleuse effectué le 12 septembre 1912 par le Lieutenant Stellingwerf depuis un biplan Farman HF 16 piloté par le Lieutenant Nélis. Brasschaat était la base centrale de l’aviation militaire avant la 1ère guerre mondiale.

 

L’aérodrome fut une escale utilisée temporairement par diverses unités de l’Aéronautique Militaire dans le cadre d’exercices et de manœuvre mais surtout du cursus de formation des officiers observateurs dans leur capacité de réglage de tirs d’artillerie, car le polygone de Brasschaat était « la Mecque » de l’artillerie belge. Durant la dernière guerre mondiale et l’immédiat après-guerre, la plaine de Brasschaat fut aménagée en camp de prisonniers de guerre.

 

Cette carte d’invitation à la cérémonie de fermeture de l’aérodrome militaire de Brasschaat le 30 juin 2006 montre pêle-mêle tous les appareils ayant équipé l’Aviation Légère de la Force Terrestre; il n’y manque que le Puma opéré par celle-ci pour le compte de la gendarmerie.

 

Ce n’est que le 31 juillet 1947 que fut créée à Brasschaat la 369ème escadrille AOP (Air Observation Post) équipée d’avions britanniques Auster AOP MK VI. Cette unité fut rebaptisée 15ème escadrille AOP en février 1948 et reprit les traditions et l’emblème à l’abeille de la 6ème escadrille d’observation activée durant la 1ère guerre mondiale. Cette formation faisait partie de l’Aviation Militaire qui devint ensuite la Force Aérienne. Toutes les unités d’aviation légère d’observation passèrent à la Force Terrestre le 1er mai 1954. Les 16ème, 17ème et 18ème escadrilles complétèrent ultérieurement les effectifs de la Light Aviation. Avec l’expansion de l’arme, la 15ème escadrille devint escadrille école et puis école de l’Aviation Légère de la Force Terrestre, toutes oeuvraient sous la devis « Semper labora » (travaille toujours) jusqu’à la refonte des forces armées et la création de la Composante Air au début de 2002.

 

Le drapeau de la Light Aviation, avec l’abeille et la devise « Semper labora », emprunté au Musée de l’Air le temps de l’inauguration de l’avenue à Brasschaat ce 28 mars 2014.

 

De nombreux Piper L-18 Cub furent versés aux escadrilles, les premiers l’étant dans la livrée jaune canari appliquée chez le fabricant en Amérique. Ils furent ultérieurement camouflés en deux tons brun et kaki ou uniformément en vert olive avec bandes jaunes d’ailes et de fuselage pour les avions affectés à l’école. Des Alouette II équipèrent les escadrilles, en complément aux Cub, à partir de fin 1959. Il fut mis fin à la formation au pilotage d’hélicoptère sur Alouette II à l’école de Brasschaat en 2006. Une douzaine de monomoteurs Dornier Do 27 complétèrent les effectifs à partir d’octobre 1960, permettant de missions de liaison rapide avec plusieurs passagers mais surtout l’entraînement et la qualification des pilotes au vol aux instruments. Ils furent retirés du service en 1977 suite à l’arrivée des douze bimoteurs Britten-Norman BN2a Islander construits chez Fairey à Gosselies à partir de 1976 et utilisés jusqu’à leur fin de carrière à Brasschaat en 2003. Les bimoteurs Islander rendirent de fiers services à l’Aviation Légère par leur polyvalence et leur rusticité, par ailleurs, leur mise en servie justifia la construction de la piste en dur à Brasschaat.

 

Les trois Aérospatiale SA 330C Puma pris en compte par la gendarmerie dès 1973 furent basés à Brasschaat et mis en opérations et entretenus par l’Aviation Légère jusqu’en 1992, lorsque la gendarmerie fut démilitarisée et créa le détachement d’appui aérien de la police fédérale. Le vaste mouvement de réduction des budgets militaires fut enclenché au début des années 90, suite à la chute du mur de Berlin qui mit un terme à la « guerre froide ». C’est ainsi que l’aérodrome militaire de Brasschaat passa à la trappe le 30 juin 2006.

 

Le seul utilisateur de l’aérodrome devint dès lors le Koninklijke Aeroclub Brasschaat vzw. Fondé en 1949, ce club très actif dans les domaines du vol moteur, du vol à voile et de l’aéromodélisme, obtint l’autorisation d’utiliser l’aérodrome militaire en 1954 et entama ses activités de vol à voile avec deux antiques planeurs poutres Kassel et Zögling tractés par des voitures pour les faire s’envoler. Actuellement, le club maintient plusieurs Piper L-18 Cub en parfait état de vol aux couleurs de l’Aviation Légère et son chef-pilote, Paul Aelaerts, est lui-même un ancien de la Light Aviation.

 

Salle de traditions et musée

Le hangar annexe à celui dévolu au « Gun Fire Museum » de l’artillerie abrite une salle de traditions, en fait un petit musée, dédié à l’Ecole d’Aviation Légère de la Force Terrestre – ou Army Aviation School – qui fut basée à Brasschaat durant toute son existence. Sur pilotis à l’entrée du hangar et surplombant l’entrée de cette salle de traditions, l’Auster A 16 qui fut érigé en monument pendant les quelques quinze ans de présence de la Light Aviation à Bierset, a trouvé en l’occurrence un abri tout à fait adéquat.

 

Alors qu’on croyait que l’Auster AOP MK VI immatriculé A 16 érigé à l’entrée de la zone casernement de Bierset avait été amené à Beauvechain, cette photo démontre qu’il n’en est rien, car il est sur pylônes dans le hangar annexe du Gun Fire Museum de Brasschaat, devant l’entrée du musée/salle de traditions de l’Army Aviation School.

 

Dominant la salle de traditions, l’emblème de l’Army Aviation School avec le fanion du détachement Puma juste en dessous.

 

C’est à l’instigation des anciens du Puma Team que des documents, informations et objets concernant l’hélicoptère furent rassemblés et mis en valeur dans ce local. Avec l’arrivée d’anciens ayant servi en escadrille, ce noyau consacré au Puma s’étoffa de nombreux documents et souvenirs au point de devenir le musée de l’Army Aviation School. Bien que de surface relativement restreinte, ce musée est fort bien agencé et extrêmement intéressant par l’assemblage de documents, essentiellement photographiques, qui constituent un digest de l’histoire de l’aérodrome de Brasschaat et de la présence de l’Aviation Légère de la Force Terrestre dans son périmètre.

 

Splendide maquette de l’un des trois Puma de la gendarmerie opérés depuis Brasschaat jusqu’en 1992. C’est du reste à l’initiative des anciens du groupe Puma que ce petit musée bien conçu a été érigé.

 

Un défilé aérien digne de l’événement

La plaque de la nouvelle « Licht Vliegwezenlaan » était recouverte du drapeau de tradition de l’Aviation Légère de la Force Terrestre frappé de son emblème à l’abeille et de sa devise « Semper labora ». Au moment où cette plaque fut dévoilée par le Lieutenant-général Aviateur Claude Van de Voorde, le Commandant Aviateur (e.r.) Vic Brulez et le bourgmestre de Brasschaat Jan Jambon, une escadrille composée de cinq Piper L-18 Cub et de deux Stampe & Vertongen SV4b vint survoler par deux fois le coin de l’aérodrome longé par l’avenue nouvellement inaugurée. Deux Agusta A109BA venus spécialement de Beauvechain effectuèrent un passage à la verticale de la plaque nominative.

 

Le salut des deux hélicoptères Agusta A109BA de la 17ème escadrille du Wing Heli de Beauvechain pilotés par le Major Joe Petit (H46) et le Lieutenant Rutger Andries (H24).

 

L’association « Squadron 369 » (en référence à la première unité formée à Brasschaat en 1947) a pour but de maintenir en état de vol un maximum des monomoteurs légers vintages ou vétérans. L’association regroupe actuellement quelques 25 machines, principalement des Cub et SV4 mais aussi, par exemple, un Chipmunk et un Tiger Moth entre autres raretés et participe régulièrement à divers événements ou rassemblements en Belgique et en France depuis sa fondation en mars 2011.

 

Pratiquement la moitié d’une escadrille de Piper L-18 Cub aux couleurs de la Light Aviation ainsi que deux SV4b du Stampe Center avaient rallié Brasschaat pour un salut aérien à la nouvelle avenue longeant l’aérodrome et passant devant l’ancienne tour de contrôle, visible à l’arrière plan.

 

Box des quatre Cub en authentique livrée camouflée et marquages comme lorsqu’ils volaient dans l’Aviation Légère de la Force Terrestre. Le leader est Mario Aelaerts avec Frank Verbinnen à l’aile gauche, Paul Aelarts à l’aile droite et Jean-Claude Kaisin comme slot. Ces appareils proviennent du Koninklijke Aeroclub Brasschaat et de l’aéro-club de la Défense.

 

Pour la circonstance, le Squadron 369 et le Koninklijke Aeroclub Brasschaat avaient mis en l’air quatre Cub portant les marques et camouflages de ceux de l’Aviation Légère, à savoir le Piper immatriculé OL-L108 piloté par Mario Aelaerts (leader du dispositif), OL-L49 piloté par Paul Aelaerts, OL-L47 avec Frank Verbinnen aux commandes, OL-L56 de l’aéroclub de la Défense amené de Namur par Jean-Claude « Kéké » Kaisin et, fermant la marche, le L33 tout de jaune paré avec Bruno Bedert au poste avant et Paul De Vestel dans le siège arrière. Deux SV4b en livrée orange et pilotés respectivement par Danny Cabooter (V66), président du Stampe Center et ancien pilote de la Light Aviation, et Raymond Cuypers (V42) faisaient partie de la formation. Les deux Agusta A109BA étaient pilotés par le Major Joe Petit (H46) du Groupe de vol du Wing Heli et par le Lieutenant Rutger Andries (H24) de la 17ème escadrille qui fut le démonstrateur officiel de l’A109 durant plusieurs saisons.

 

Passage du Stampe & Vertongen SV4b V66/OO-GWA avec Danny Cabooter, président du Stampe Center, aux commandes.

 

Ce défilé aérien a positivement réjoui les anciens de la Light Aviation présents à la cérémonie, lesquels ne s’attendaient pas à une prestation aérienne de cette ampleur et de cette qualité.

 

Les Cub en tête de la formation: OL-L108/D-ECQA piloté par Aelaerts fils (Mario) et OL-L49/OO-LGB piloté par Aelaerts père (Paul).

 

Le Piper Cub L33/OO-VIW avec la livrée canari appliquée en usine et portée par la majeure partie des L-18 lors de leur mise en service en Belgique à partir de 1952; l’appareil est piloté par le Commandant Aviateur (e.r.) Paul De Vestel avec Bruno Bedert au poste avant.

 

Félicitations donc aux instigateurs et aux organisateurs de l’événement, ils ont bien mérité de l’Aviation Légère de la Force Terrestre en particulier et de l’aviation militaire belge en général.

 

Texte et photos: Jean-Pierre Decock

Jean-Pierre Decock

Jean-Pierre Decock

Brevet B de vol à voile en 1958. Pilote privé avion en 1970. Totalise 600 heures de vol dont 70 d’acro. Un œil droit insuffisant empêche toute carrière dans l’aviation. (Co-)Auteur et traducteur de 41 ouvrages d’aviation publiés en 4 langues depuis 1978. Compétences: histoire, technique et pilotage (aviation civile, militaire ou sportive).

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