ULM Baisy-Thy, une histoire passionante et un avenir prometteur

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Baisy-Thy, 22 juillet 2012. Lendemain de fête nationale et premier beau jour de l’été, l’activité aérienne est débordante et la terrasse du club-house bien remplie lorsque nous arrivons à l’ulmodrome de Baisy-Thy. Situé en pleine campagne au cœur du Brabant wallon, ce terrain est de loin le centre ULM le plus actif du pays. Il le doit à la ténacité de son fondateur, Roland Coddens, et, après sa disparition en 2008, à la volonté de son épouse, et de ses deux fils, de poursuivre l’œuvre entamée et de développer ULM Baisy-Thy.

Les installations de ULM Baisy-Thy et les FK-9 utilisés pour l’écolage.

Historique
L’histoire de l’ULM en Belgique est relativement récente. A la fin des années septante quelques passionnés d’aile-delta, constatant amèrement que la topographie de notre pays n’est pas idéale pour la pratique de leur sport, découvrent les premiers développements de « delta motorisés ». Ils en deviennent d’ardents défenseurs et font œuvre de pionniers dans un domaine à cette époque vierge de toute règlementation. Roland Coddens est de ceux-là! Il construit son premier ULM en 1981 et effectue ses premiers vols aux antennes RTB de Wavre. Et le mouvement ULM (pour ultra léger motorisé) se développe rapidement, dans deux directions apparemment contradictoires, mais en fait complémentaires: les DPM et les ULM.

Les delta pendulaires sont toujours très actifs!

Le DPM (delta pendulaire motorisé) est constitué d’un chariot équipé d’un siège pilote (et plus tard passager), d’un moteur et d’une hélice suspendus à une aile delta. L’ULM se compare plus à l’avion, mais en restant « ultra-léger », et bénéficie de commandes classiques, d’abord en deux axes, puis en trois axes. Du point de vue du pilotage, le delta pendulaire surprend et répond inversément aux commandes par rapport à un pilotage « avion »: on pousse la barre pour monter, on la tire pour descendre! Logique, puisqu’on produit un effet de « pendule », étant suspendu en-dessous de l’aile…

Au début, le mouvement est accueilli avec scepticisme, voire dédain, par la communauté aéronautique de l’époque. En l’absence de toute règlementation, on est d’abord dans un monde de « merveilleux fous volants » qui réinventent l’aviation populaire, et rêvent de la rendre accessible au plus grand nombre. Les aéro-clubs et les écoles de pilotage « avion » se méfient et la plupart interdisent les ULM sur leurs terrains…Dès lors, les pionniers de l’ULM font preuve d’imagination et décollent et atterrissent de terrains non reconnus, les performances de leurs engins leur permettant de se contenter de peu de mètres de « piste ». Cela ne va pas sans problèmes: l’absence de règles n’est pas un gage de sécurité, et l’utilisation « sauvage » provoque des nuisances, notamment sonores (les premiers moteurs deux temps étaient très bruyants).

Le premier Tour de Belgique ULM est organisé en 1983. Un Sirocco taxie et le Butterfly de René Thierry s’apprête à atterrir lors de la deuxième édition en 1984.

Afin de permettre un développement harmonieux de ce nouveau sport, une génération de pionniers décide de mieux faire connaître leur passion et de la présenter de façon positive au grand public. C’est la naissance des fameux « Tour de Belgique » en ULM, dont la première édition se déroule en 1983 à l’initiative de William Tchang et de son équipe du « Flying Circus » et de la Fédération Belge d’ULM et de son premier président, Charles Vandermeulen, et connait un immense succès. Pour pallier à l’absence de règlementation, les Ulmistes créent leur propre fédération et s’auto-régulent bien avant que le législateur ne s’en mêle.

Les installations de l’ulmodrome de Baisy-Thy en 1984: un atelier de maintenance et les premiers hangars, avec l’ancien club-house. Les biplans sont des Aviasud Mistral.

Reste le problème des terrains. Dès 1984, Roland Coddens ouvre un des premiers Ulmodromes belges, en louant un terrain agricole et une ancienne porcherie (qui devient le premier hangar) à Baisy-Thy. Il est un des piliers de la jeune Fédération ULM, et contribue aussi par ses exploits sportifs à donner une image positive de cette nouvelle discipline. Vainqueur du Tour de Belgique 1984, il participe à de nombreuses compétitions et va se lancer dans plusieurs tentatives de records et dans des expéditions exotiques qui valoriseront l’ULM. C’est ainsi qu’il effectue en DPM une mission scientifique de recherche géologique en Guinée et parcourt 5.000 km en brousse avec le premier ULM « renifleur » au monde. Il établit un fabuleux record du monde d’altitude en ULM, atteignant 7.000 mètres lors du Meeting aérien de Gosselies le 6 septembre 1987.

Le premier diplôme F.A.I. (Fédération Aéronautique Internationale) de Roland Coddens: record d’altitude (7.000 mètres) en DPM, un véritable exploit.

Monter à plus de 20.000 pieds en delta pendulaire, sans la protection d’une cabine, et endurer le froid et la raréfaction d’oxygène d’une telle altitude relève de l’exploit. Il s’attribue de nouveaux records du monde de temps de montée à 3.000 mètres (6 minutes 32 secondes) et à 6.000 mètres (18 minutes 21 secondes) en 1989, et les améliore en 1997 (3.000 m: 5 min 40 sec) (6.000 m: 14 min 54 sec). Ces derniers records sont toujours imbattus à ce jour.

Roland Coddens et le DPM des records de temps de montée de 1989.

Roland Coddens a commencé à construire quelques engins, puis il a consacré de plus en plus de temps pour former d’autres pilotes et pour importer les machines qu’il estimait les plus valables. Il fut pendant des années le seul examinateur ULM belge et a formé bon nombre d’instructeurs.

Toujours soucieux d’améliorer l’image de l’ULM, Roland Coddens lutte pour l’amélioration du niveau sonore, et est un des premiers à adopter les moteurs quatre temps plus silencieux que les deux temps des débuts. En 1990, il présente un ULM silencieux, équipé d’une hélice cinq pales.

L’hélice cinq pales de l’ULM silencieux.

Sur le plan professionnel, il crée ULM Baisy Thy et développe l’infrastructure et les services proposés. En mai 1990, un deuxième hangar et un nouveau club-house voient le jour. La croissance du nombre d’engins basés nécessite l’addition d’un nouveau hangar en 2006.

L’ULM se décline en deux versions: les delta pendulaires motorisés (DPM) et les ULM trois axes. ULM Baisy-Thy s’est développé en offrant les deux possibilités qui correspondent à deux catégories de clients (bien qu’il y ait heureusement un certain nombre de passionnés « bivalents »). Le Sirocco marque une étape, mais il n’est que monoplace. L’arrivée du Mistral, premier ULM biplace en composite à cabine fermée, constitue un tournant. La notion « confort » de ce nouvel engin par rapport à l’aspect « sportif » des DPM  permet d’attirer une nouvelle  clientèle style « pilote privé », découragée par l’évolution règlementaire et les hausses de coût de ce segment. Roland Coddens importera et exploitera plusieurs de ces machines produites par Aviasud, le Sirocco d’abord, l’Albatros et le Mistral ensuite, et ce dès le début des années quatre-vingt.

Les Mistral de l’école ULM Baisy-Thy ont introduit dès les années quatre-vingt le confort d’une cabine fermée.

ULM Baisy-Thy
Le terrain initialement loué à un fermier a été acheté quelques années plus tard, et s’est depuis bien agrandi. Il est le seul Ulmodrome en Belgique à disposer de pistes croisées.

Vue aérienne du terrain de EBBY, le seul ulmodrome belge disposant de pistes croisées.

La 32/14  a une longueur de 299 mètres et une largeur de 30 mètres, et la 04-22 fait 252 mètres de long (elle a été allongée de 60 mètres l’an passé). Sa position GPS est de 50° 34’ 10 » N -04° 26’ 10 » E. Par la route, il est situé entre Waterloo et Charleroi, au sud de la nationale 5. Au carrefour des 4 Bras de Genappe, prendre la direction Nivelles (N93) puis tourner à gauche 500 mètres plus loin en suivant un petit chemin champêtre fléché.

Les deux fils de Roland, Christoph et Didier Coddens, ont rejoint l’entreprise paternelle respectivement en 1997, et en 2001. Ils se sont investis à parts égales dans ULM Baisy-Thy depuis 2004. Ils se complètent également au niveau de la répartition des tâches. Christoph s’occupent plus particulièrement de la formation en vol et et Didier de la maintenance et de la comptabilité. Tous deux sont plus qu’actifs au niveau commercial et sont bien entendu pilotes confirmés. Christoph a d’ailleurs réalisé en 2009 une performance unique au monde en étant le seul pilote à avoir volé en Ulm au Pôle Sud.

Les frères Coddens, Didier à gauche, et Christoph à droite, devant un des FK-9 utilisés pour l’écolage.

Une des écoles les plus importantes en Europe, et la plus active en Belgique, ULM Baisy-Thy dispose de pas moins de six B & F FK-9 pour l’écolage, de deux Dyn’Aero MCR pour la location, et de quatre DPM Air Création. Le staff instructeur comprend quinze moniteurs, dont quatre à plein temps. Plusieurs sessions de cours théoriques sont organisées chaque année dans une salle de cours bien équipée. ULM Baisy-Thy privilégie le système belge, considéré comme plus exigeant que la filière française, et les avions sont donc immatriculés OO-… La qualification instructeur est strictement nationale, et donc un instructeur ULM français n’a légalement pas le droit d’enseigner en dehors de la France, et s’il le fait cela peut entraîner des problèmes éventuels au niveau assurances par exemple.

ULM Baisy-Thy est le distributeur officiel B & F (FK-9, FK-14, FK-12) pour le Benelux, et de Dyn’Aero (MCR01 et Pick-Up) pour la Belgique et les Pays-Bas. Et ils en ont vendus beaucoup. Avec plusieurs atouts majeurs, outre la qualité des produits proposés. ULM Baisy-Thy dispose de hangars qui abritent plus de nonante machines (réparties à peu près à parts égales entre DPM et trois axes). Et pour un candidat acheteur, il est important de pouvoir disposer d’un hangar. Même si la croissance enregistrée ces dernières années a contribué à « remplir » ceux-ci, des solutions originales ont été trouvées pour augmenter la capacité: un système d’ascenseurs permet de garer plusieurs appareils en hauteur. Autre atout: les compétences techniques de Didier et de son équipe, qui offre les services d’entretien requis.

Solution originale pour abriter plus d’avions dans un hangar, l’ascenseur. L’appareil suspendu au plafond est un Dyn’Aero MCR Pick-Up, et celui au sol un FK-14, tous deux vendus par ULM Baisy-Thy.

Les frères Coddens considèrent le Dyn’Aero MCR01 comme un des ULM trois axes les plus performants: avec un poids à vide de 259 kilos (équipé radio, transpondeur et parachute), hélice à pas variable et CSU, sa vitesse de croisière est de 250 km/h, et son autonomie de 1.200 km! Sachant que le poids maximum au décollage autorisé pour un ULM biplace est de 472,5 kg avec parachute (450 kg sans), cela laisse une marge particulièrement confortable pour la charge utile.

Le Dyn’Aero MCR01 OO-H07 est la plus récente acquisition d’ULM Baisy-Thy et est un des ULM les plus performants sur le marché.

Le cadre champêtre et l’originalité d’un Ulmodrome permettent aussi l’organisation d’événements, et c’est ainsi que la Ferrari FF a été présentée officiellement dans les installations de ULM Baisy Thy. Les infrastructures et l’originalité du vol sont des atouts pour susciter l’organisation d’incentives spectaculaires, avec possibilité de repas sur place pour des groupes de maximum 150 personnes.

En 2007, Roland Coddens passait son brevet de pilote privé hélicoptère et fondait avec un homme d’affaires belge Brussels Heli Air, qui utilise toujours un Robinson R-44 pour des baptêmes de l’air et « incentives ». ULM Baisy-Thy dispose aussi d’un biplace R-22 immatriculé en clin d’œil OO-ULM!

Immatriculation en clin d’œil, le OO-ULM est…un hélicoptère Robinson R-22 exploité par ULM Baisy-Thy.

L’esprit « club » est très présent, et l’ambiance à la terrasse face aux avions est des plus sympathiques. Pour marquer le caractère brabançon du lieu, à l’initiative de Louis-Yvan Schmitz (l’initiateur des salons de l’ULM dans le cadre du Salon du véhicule utilitaire), l’Aéroclub du Brabant s’est constitué et regroupe bon nombre de pilotes. Outre le site internet (www.ulm.be) , plusieurs sites de pilotes locaux, dont une page facebook ( www.facebook.com/ulmbaisythy) illustrent les nombreux événements aéronautiques du lieu. Nous recommendons particulièrement www.ebby.be . Ouvert sept jours sur sept, le plus grand centre ULM de Belgique mérite la visite. Et le dynamisme de la famille Coddens garantit la continuité de l’œuvre entamée par Roland, et son développement harmonieux.

Suivez la flèche, elle vous mènera au paradis des ULM.

Texte et photos: Guy Viselé

Guy Viselé

Guy Viselé

Pilote privé et Lieutenant-Colonel de Réserve de la Force Aérienne Belge, mais avant tout passionné d'aviation, il débute sa carrière chez Publi Air. Il passe ensuite vingt ans chez Abelag Aviation où il termine comme Executive Vice-President. Après dix ans comme porte-parole de Belgocontrol, il devient consultant pour l’EBAA (European Business Aviation Association). Journaliste free-lance depuis toujours, il a collaboré à la plupart des revues d'aviation belges, et a rejoint Hangar Flying en 2010.

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