Un cockpit de Boeing 727 devant le musée Dakota à Melsbroek

Le cockpit, monté sur le chariot, est prêt à être sorti du hangar. (Photo : Luc Wittemans)

Melsbroek, le 13 mai 2022. Vers 12h50, un convoi exceptionnel de deux camions de la célèbre société Sarens est arrivé aux portes de la caserne Groenveld, située sur la Haachtsesteenweg, juste en face des impressionnants nouveaux hangars abritant les A400M de la 15e Escadre de la Composante Air. L'arrivée à Melsbroek de la partie avant complète d'un Boeing 727 était attendue avec impatience par le Dakota Club, une association à but non lucratif qui perpétue l'histoire du transport de la 15e Escadre. Cette acquisition vient compléter un musée déjà bien développé qui mérite une visite.

Le convoi exceptionnel est arrivé à bon port au Dakota Club. (Photo Robert Verhegghen)

Le Boeing 727 de la Force Aérienne Belge

Pour remplacer les quatre Douglas DC-6B de la 15e Escadre, le gouvernement belge acquit en 1975 deux Boeing 727-29QC de la compagnie nationale Sabena, OO-STB et OO-STD, en service depuis juillet 1967. Les deux 727 furent désignés CB-01 et CB-02 en janvier 1976 et entrèrent en service en mars. Ils furent utilisés par la 21e Escadre et servirent jusqu'en 1998 avant d'être remplacés par deux Airbus A310, dotés d'une meilleure autonomie que les 727, qui disposaient de plusieurs arrêts de ravitaillement Exigences pour les vols vers les États-Unis. Les deux 727 ont été vendus à la compagnie angolaise Sonair (inscrite sur la liste noire de l'UE et dont l'exploitation a été interrompue en 2019). Ils ne sont plus en service depuis des années et ont très probablement déjà été mis à la casse.

Le Boeing 727-29QC CB-01 à Melsbroek le 11 novembre 1979 arbore toujours la livrée Sabena. (Photo : Guy Viselé)
La CB-01 vue à Melsbroek le 25 décembre 1979. (Photo Guy Viselé)

En l'absence de l'un des deux 727 d'origine, la section avant du Boeing 727-223, anciennement N6814, OO-DHT et anciennement EC-IDQ, a été offerte au Dakota Club par le Collège universitaire flamand VIVES VLOC, situé à Ostende. Ce 727 a été construit en 1968 et a débuté sa carrière chez American Airlines. Il a été converti en avion cargo et est entré en service chez DHL en mars 1994. Il a été exploité par European Air Transport avant d'être vendu à la compagnie espagnole Swiftair (filiale espagnole de DHL) en 2002. Il a été désarmé en décembre 2003 et finalement transféré à VLOC en 2005 comme support pédagogique. Il a été ferraillé chez Fenix ​​Recycling à Brustem en juillet 2021, qui a conservé la section avant jusqu'à son transfert à Melsbroek le vendredi 13 mai (voir également la base de données). www.hangarflying.eu/erfgoedsites/boeing-727-223f-ex-dhl/ )

Le Boeing 727-223C OO-DHT à Bruxelles en 1995. (Photo Guy Viselé)
L'ancien EC-IDQ aperçu à Ostende le 13 mars 2014. (Photo Guy Viselé)

Un transport exceptionnel

En ce vendredi ensoleillé, la journée a commencé très tôt à Brustem à l'entreprise Fenix ​​​​Recycling (http://fenixrecycling.org/aircraft-parts ) qui a préparé le nez du Boeing 727. À 7h30, le camion-grue Sarens (www.sarens.be ) étaient déjà sur place, tout comme l'équipe Dakota. Outre Luc Wittemans de Hangar Flying, seuls le journaliste et le photographe du journal « Het Belang van Limburg » ont rendu compte de l'opération de chargement, plus délicate qu'il n'y paraissait. L'équipe Dakota a commencé à préparer le chariot qui servirait à retirer le cockpit du hangar. L'équipe Sarens a positionné le camion-grue dans le hangar et a commencé à attacher les sangles de levage. Ils avaient juste assez d'espace au-dessus du cockpit pour manœuvrer la grue sur une courte distance sans toucher la structure du toit. La puissante grue a soulevé la charge avec précaution, et le chariot a glissé en douceur jusqu'à sa position initiale.

Le camion-grue Sarens dans l'entrepôt de Brustem. (Photo : Luc Wittemans)
Le cockpit, monté sur le chariot, est prêt à être sorti du hangar. (Photo : Luc Wittemans)

Il apparaît rapidement que le poids prévu, entre 1,5 et 2 tonnes, a été largement sous-estimé, le système de mesure intégré de la grue indiquant quatre tonnes. Entièrement chargé sur le chariot et débarrassé de ses sangles, le poids final atteindra près de quatre tonnes et demie. Le bois vissé au chariot pour soutenir le cockpit plie, mais heureusement, ne casse pas. Pour éviter que cela ne se produise pendant le transport, il faut improviser. Après avoir trouvé une position satisfaisante, le tout est arrimé avec des sangles solides avant d'être tiré hors du hangar, avec peu de place sous le toit.

Entre-temps, un deuxième camion Sarens est arrivé : celui sur lequel le cockpit est arrimé pour être transporté à Melsbroek. Les sangles de levage sont fixées et, une fois l'ensemble équilibré, le camion de transport est positionné de l'autre côté du camion-grue. Le cockpit est transféré. Il s'agit maintenant de le sécuriser avec les moyens du bord : l'équipe Dakota avait apporté des accessoires de Melsbroek, tandis que l'équipe Sarens dispose d'un arsenal de pièces de bois destinées au même usage. Tout est arrimé au camion avec quelques grandes chaînes et des sangles supplémentaires.

Sarens, entreprise spécialisée dans la manutention et le transport de charges très lourdes, a soutenu l'opération. (Photo : Luc Wittemans)
Opération inverse à l'arrivée : le nez du 727 est transféré du camion à son chariot. (Photo Robert Verhegghen)

Un transport exceptionnel

Après que le chauffeur a vérifié la hauteur et la largeur du gabarit de chargement afin d'éviter toute mauvaise surprise en cours de route, tout est prêt pour le départ. L'opération est menée à bien par des équipes bien préparées et coordonnées. Il n'est pas encore 10 h, mais il faut attendre l'escorte de ce convoi exceptionnel. Vers 10 h, la camionnette de « Paul's Convoy Service » arrive, précédant le camion pour ouvrir la route. Cette entreprise spécialisée a repéré l'itinéraire, car un tel convoi n'est pas autorisé à circuler partout. Le voyage part de Brustem via Hannut, Tirlemont, Aarschot, Heist-op-den-Berg, Malines, puis Melsbroek pour éviter les ponts bas. Le convoi part peu après 10h00. L'arrivée à Melsbroek est prévue entre 14h00 et 15h00, mais le parcours sera si fluide que le convoi arrivera plus d'une heure plus tôt.

Malgré son poids initialement sous-estimé de 4,5 tonnes, le chariot a tenu bon. (Photo Robert Verhegghen)

L'opération de déchargement s'est déroulée rapidement, sous l'œil attentif du colonel Jacques Lousberg, président du Dakota Club. Le superviseur technique de Sarens, Pieter Di Cairano, ne cache pas sa satisfaction et se dit fier, avec son équipe, d'aider le Dakota Club à perpétuer l'histoire de la 15e Escadre. La préparation et l'exécution du projet se sont déroulées sans accroc, et le temps gagné a permis de présenter le musée aux employés de Sarens, qu'il convient de féliciter et de remercier pour leur soutien financier et opérationnel à ce transport.

Les équipes Dakota et Sarens au travail. (Photo Robert Verhegghen)

Une belle collection et un centre de documentation bien fourni

Pour le président du Dakota Club, l'arrivée de cette nouvelle pièce de collection est un soulagement après des mois d'attente. Le nez du 727 est en cours de restauration, d'équipement et de peinture aux couleurs de l'Armée de l'Air. Il sera présenté, si possible d'ici fin septembre, comme la pièce maîtresse de la collection aux fans et aux visiteurs. Il sera accompagné de la partie avant du Lockheed C-130H Hercules CH-03, offerte par Sabena Aerospace à ce club très dynamique, quelque peu déçu de ne pas avoir pu acquérir un C-130H complet.

L'équipe Sarens explore le musée. (Photo Robert Verhegghen)
Un musée de valeur qui, comme beaucoup d'autres en Belgique, repose sur le bénévolat de ses membres. (Photo Robert Verhegghen)

Le musée et l'exposition statique sont ouverts au public les lundis et jeudis, sur demande préalable auprès du secrétariat (secrétariat@dakota15wing.be) car le site est situé sur la base aérienne militaire de Melsbroek.

Merci à Jacques Lousberg et son équipe du Dakota Club, Pieter Di Cairano de Sarens et ses équipes et Eric Dauchy (contact média Dakota).

Texte : Luc Wittemans et Bob Verhegghen

Photo de Luc Wittemans

Luc Wittemans

Passionné d'avions et d'aviation depuis mon plus jeune âge, je me suis progressivement intéressé à l'histoire de l'aviation belge, en particulier à l'aviation civile et au registre de l'aviation civile. Depuis plusieurs années, je contribue également à la base de données sur le patrimoine aéronautique belge de Hangar Flying et rédige occasionnellement des articles pour Hangar Flying et des magazines d'aviation. Mes 28 années comme bibliothécaire dans une bibliothèque de recherche ont également fait de moi un collectionneur d'ouvrages sur l'aviation belge.