Un Spitfire récupéré à Tillegembos

Bruges-Saint-Michel, le 31 août 2013. Près de 71 ans après le crash du Spitfire Mk. IX du pilote Edgard Dickerson, alors âgé de 19 ans, dans l'actuel Tillegembos pendant la Seconde Guerre mondiale, l'appareil a été retrouvé par les archéologues du groupe Huyghe-Decuypere et de Raakvlak. Pas moins de 30 personnes, dont les 20 bénévoles de l'équipe de sauvetage de Huyghe-Decuypere, étaient mobilisées sur le site, qui livrait peu à peu ses secrets.

Le Groupe Huyghe-Decuypere est un expert en archéologie aéronautique. Depuis 1997, il a récupéré plusieurs épaves d'avions écrasées en Flandre-Occidentale pendant la Seconde Guerre mondiale. En 2009, Hanger Flying a suivi l'exemple de Beveren-sur-l'Yser. http://hangarflying.be/nl/node/151

Le lieu du crash à Sint-Michiels a été localisé grâce à des témoins oculaires, des recherches dans les archives, la détection de métaux et des forages profonds. La méthode de forage profond de Bart Beckers a permis de localiser le lieu du crash avec une précision d'un mètre, ce qui a permis de ne fouiller qu'une zone boisée limitée. De petits fragments de l'avion ont également été retrouvés. Une fouille complète a donc été décidée en collaboration avec Raakvlak (le Service archéologique intercommunal de Bruges et des environs). Ce dernier était titulaire du permis et a fourni un soutien archéologique professionnel. La Province de Flandre-Occidentale (propriétaire du site du crash) et l'Agence de la Nature et des Forêts ont également apporté leur soutien.

Texte et photos : Tom Brinckman

  • Les premiers vestiges de l'avion ont été découverts à seulement 80 centimètres de profondeur. Une grande partie du moteur du Merlin 61 a été retrouvée en morceaux, ainsi que des parties du cockpit cabossé, dans lequel les archéologues ont même découvert une carte militaire pliée. Comme le montre la photo, le sol excavé est examiné avec la plus grande attention afin de ne rien manquer. Des détecteurs de métaux et des fouilles manuelles sont effectués pour retrouver tous les fragments possibles.

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  • Parmi les pièces clairement identifiables retrouvées figurait la turbine. Les pales de l'hélice elles-mêmes avaient été récupérées par un agriculteur local, sous la surveillance des forces d'occupation, pendant la guerre.

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  • Entre les mains de Wim Huyghe, nous découvrons une découverte plutôt unique : la roulette de queue de l'avion. Unique, car elle se brise généralement lors d'un choc.

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  • Après avoir constaté qu'il ne restait plus grand-chose à découvrir autour du fuselage, l'équipe, en collaboration avec le grutier Patrick Doom, s'est concentrée sur l'emplacement présumé des ailes. Grâce au système de détection de profondeur de Bart Beckers, ils ont pu localiser les canons embarqués, bien qu'ils soient presque perpendiculaires au sol. À environ quatre mètres de profondeur, l'équipe a finalement trouvé l'un d'eux. La perche de mesure sur la photo donne une idée de l'angle d'impact de l'avion. L'emplacement profond du canon s'explique par la vitesse à laquelle il s'est écrasé. Le poids mort important a également enfoncé les canons encore plus profondément dans le sol.

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  • Une grande partie du blindage situé derrière le pilote a également survécu au crash, preuve évidente de l'efficacité de cette plaque massive. Par ailleurs, les premiers Spitfire ont été livrés sans ce blindage. Peu après le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, l'ajout d'une telle plaque est devenu une priorité absolue.

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  • La preuve irréfutable qu'il s'agit bien de l'avion d'Edgard Dickerson : une plaque de modification portant le numéro de série APP 6S 149291. Cette plaque indique également que deux modifications ont été apportées au cours de sa courte carrière. L'appareil a effectué son premier vol le 18 juin 1942 et s'est écrasé le 7 septembre de la même année. Ce « Spit » a été construit à l'usine d'Eastleigh (Hampshire), aujourd'hui l'aéroport de Southampton, dans le sud-est de l'Angleterre, où le premier prototype de ce chasseur légendaire a également pris son envol.

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  • L'équipe a été particulièrement enthousiaste à l'idée de découvrir deux canons Hispano II de 20 mm, dont l'un était pratiquement intact. Les mitrailleuses Browning M2 de calibre 0.50 ont également été retrouvées, ainsi que leurs munitions. Les explosifs ont été stockés en lieu sûr, à l'abri du public, pendant les fouilles et seront détruits par DOVO.

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  • Des bénévoles du groupe Huyghe-Decuypere, des archéologues de Raakvlak, des habitants de la province de Flandre occidentale et plusieurs témoins oculaires du crash réunis sur la photo commémorative avec les découvertes du jour.

    Dans les semaines et les mois à venir, les différentes pièces seront réassemblées. Il est prévu de créer une exposition présentant les moteurs et le cockpit.

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Photo de Tom Brinckman

Tom Brinckman

Il est le webmaster de Hangar Flying et est originaire de Sint-Michiels, Bruges. Il travaille comme graphiste et photographe de presse indépendant. Très jeune, il s'est passionné pour l'aviation militaire et générale. Il a combiné cette passion pour l'aviation avec la photographie. Photographe et reporter, il recherche des images et des histoires captivantes de l'aviation belge. On le retrouve également souvent lors de meetings aériens en Belgique et à l'étranger… ou plongé dans un bon livre (d'aviation).