Remise d’ailes des Cadets de l’Air

Les 49 cadets de la session 2019 saluent avec fierté au terme de la cérémonie.

Perwez, le 6 novembre 2019. Il règne en cette fin de journée une animation inhabituelle au centre Perwex, la grande salle communale de Perwez. Ce soir 49 jeunes gens, 5 filles et 44 garçons, francophones et néerlandophones, vont vivre la consécration de leur entrainement au vol en planeur aux Cadets de l’Air (CDA).

Les ailes des Cadets de l’Air.

La remise des ailes, un moment particulier chargé d’émotion
Au cours d’une réception solennelle, rehaussée par l’accompagnement musical de la musique de la F.Aé et en présence de leur famille, cadres et instructeurs , sans compter une galerie de hauts gradés de notre F. Aé, les jeunes cadets reçoivent leur brevet de pilote de planeur et les ailes tant convoitées des mains du lieutenant-général Guido Vanhecke aviateur en retraite, Président de l’Association Royale « Les Cadets de l’Air de Belgique », accompagné du général-major Frederik Vansina, Commandant de la Composante Air et Président du Comité des Cadets de l’ Air de Belgique. Ils pourront désormais porter fièrement sur leur uniforme les ailes qui leur sont remises. Ils passent ainsi du statut de « aspirant » à celui de « flight cadet ».

La présence de nombreux officiers supérieurs témoigne de l’intérêt de la Composante Air pour les CDA.

Par peloton, l’un après l’autre, ils défilent pour recevoir leur brevet et ailes devant le parterre d’invités. Il s ‘en suit une remise de prix spéciaux aux cadets particulièrement méritants, dont un vol en SF-260 ou en NH90 offert par le Ministre de la défence et le patron de la Composante Air. Le personnel encadrant les cadets est aussi mis à l’honneur par la remise d’un prix à un des instructeurs qui se consacre depuis longtemps aux cadets. La cérémonie s’est clôturée par le témoignage d’un jeune pilote F-16 qui a, il y a 10 ans, commencé sa carrière avec les Cadets de l’Air. 80% des pilotes militaires sont d’anciens cadets.

Les généraux Vanhecke et Vansina épinglent, à tour de rôle, les ailes et remettent les diplômes.
L’instructeur Michel Van Put est félicité par le général Vanhecke pour ses années de dévouement.

Déjà une longue histoire
Dans l’entre-deux guerres, l’aviation est en plein essor et passionne beaucoup de jeunes. L’Aéro-Club Royal de Belgique met sur pied une « section d’aviation sportive » qui a pour but de promouvoir l’aviation auprès des jeunes en organisant des conférences ou offrant des baptêmes de l’air. Les « Belgian Air Scout » voient le jour mais la guerre met un frein à ce mouvement qui renait cependant sous une autre forme très rapidement à la fin de des hostilités. Sous l’impulsion du commandant Gérard Trémerie, futur chef-pilote du réseau hélicoptères de la Sabena (qui s’illustrera quelques années plus tard lors des inondations catastrophiques de 1953 aux Pays-Bas) l’ a.s.b.l. « Les cadets de l’Air de Belgique » est créée en juin 1945. L’association se donne pour but de promouvoir l’aviation auprès des jeunes en contribuant à leur formation morale, physique et technique. Durant 10 années elle organisera des conférences, des réunions techniques, créera des sections locales et offrira de nombreux vols de vulgarisation sur les avions de transport de la F.Aé. En 1952 avec le concours des militaires, une première escadrille expérimentale est mise sur pied mais le mouvement de jeunesse essentiellement civil éprouve quelques difficultés administratives dans l’extension du mouvement. En 1954, avec les tensions est-ouest la demande en pilotes militaires est importante au point d’amener l’État-Major Général de la F.Aé à manifester de l’intérêt pour le vol à voile et pour la reprise de l’association afin d’ouvrir la voie à l’éclosion de vocations pour une carrière de pilote à la F.Aé. Au terme de négociations pas toujours faciles, la première association est dissoute en 1955 pour mieux renaitre le 21 décembre 1955 en reprenant la même appellation sous l’égide de la Force Aérienne. Poursuivant les mêmes objectifs que la première association elle offrira en plus des formations au vol à voile.

Les 49 cadets de la session 2019 saluent avec fierté au terme de la cérémonie.

La F. Aé dispose déjà depuis le début des années cinquante de clubs militaires de vol à voile en R.F.A, à Chièvres et Bierset. Elle a vu son parc de planeurs s’étoffer mais son personnel compétent est insuffisant, ce qui entraine la dissolution des clubs militaires et le regroupement en 1957 de tous les moyens au sein d’un Flight Vol à Voile à Chièvres, suivi en 1958 par un flight à Beauvechain. Le rôle de ces flights est l’organisation des séances de vol à voile pour les membres du Club Sportif de la F. Aé (Section Vol à Voile) et pour les Cadets de l’Air de Belgique, nouvelle mouture. Fin 1961 une étape supplémentaire est franchie avec le désengagement de la F. Aé de l’organisation d’activités vol à voile, le prêt longue durée de son parc de planeurs aux Cadets de l’Air de Belgique et le transfert de tous les vélivoles militaires vers le cadre de l’association.

Une association en perpétuelle évolution
L’association a beaucoup évolué au fil du temps mais en bénéficiant toujours du soutien de la F. Aé par la mise à disposition de cadres technique et instructeur important, d’avions remorqueurs et de l’infrastructure. Dans les premières années glorieuses il existera des escadrilles volantes à Beauvechain, Chièvres, Bierset, Oostmalle, Weelde, et des escadrilles au sol (cours théoriques uniquement) à Spa, Melsbroek, Gavere. Jusqu’au milieu des années septante, les cadets suivent des cours théoriques tous les 15 jours durant les WE entre septembre et Pâques hors périodes d’examens scolaires, ceci deux années durant avant de passer leur brevet de vol à voile, passant successivement du statut d’aspirant (insigne de bronze sur le calot) à celui de cadet (insigne d’argent) avant de devenir « flight cadet » (insigne doré) et de changer par la même occasion de type d’uniforme plus seyant ( adieu le « sac à patates » dont se souviendront les anciens) avec les « wings » tant convoitées sur la poitrine.

Il y a 60 ans en stage à Coxyde, les cadets de la « cuvée 1959 » posent le 16 juillet devant le PL 70, un Schleicher ES 49 V3 provenant du Flight de Vol à voile de la F.Aé. Acquis en 1952 par la F.Aé. il sera détruit lors d’un atterrissage à Spa en août 1962. (SID)

Réduction de voilure sans perte de qualité
Par après le cursus théorique sera encore raccourci, les cadets ne passant plus qu’une année les WE en cours théoriques au sol avant d’arriver à la formule actuelle où les cours théoriques se donnent lors des vacances de Pâques avant le camp d’été. Les localisations évolueront aussi beaucoup, l’activité étant aujourd’hui exercée au départ de Bourg-Léopold, Weelde, Bertrix, Florennes et Beauvechain.

Le parc planeur qui a suivi l’évolution technique est aujourd’hui tout plastique. Les derniers « bois et toile » dont les très appréciés ASK 13 ont été tous vendus au terme de la saison 2004 et jouissent encore pour la plupart d’une nouvelle vie dans les mains de nouveaux propriétaires. Pour répondre aux réglementations de l’EASA, les planeurs sont immatriculés civils depuis 2008 et les CDA sont structurés sous forme de Declared Training Organisation (DTO) depuis fin 2018.

Les premiers échanges internationaux de cadets ont eu lieu durant l’été 1952. Ici des cadets américains à Temploux volent sur le Schweyer Kranich II mis à disposition du Centre National de Vol à Voile par la F.Aé. Ce planeur sera déclassé et détruit en 1961. (SID)

Dans le passé le nombre de cadets était beaucoup plus important qu’aujourd’hui et les promotions atteignaient facilement 100 cadets, peut-être même plus. Aujourd’hui, les restrictions budgétaires ont amené une réduction de la voilure avec 200 cadets aspirant et flight cadet contre 300 il y a encore 20 ans. Seuls 50 nouveaux cadets (30 NL et 20 F) de 15 à 16 ans sont admis par année contre 60 il y dix ans.

Nombreux sont les cadets qui auront fait leurs premiers vols su le Schleicher KA 4 Rhönlerche, cheval de bataille des CDA durant 20 années de 1959 à 1979. (Archives Robert Verhegghen)
Le PL 72 OO-YGC un des 8 Grob Astir CS Jeans de la flotte vu dans les hangars de maintenance à Beauvechain en mai 2019.

Au terme d’une sélection médicale et intellectuelle rigoureuse, les jeunes cadets « aspirants » suivront une formation théorique à Bourg-Léopold durant les vacances de Pâques. La réussite de l’examen en fin de stage ouvre la porte du camp de vol de trois semaines en été au cours duquel l’aspirant sera initié au vol en planeur et effectuera son premier solo. La seconde année le flight cadet pourra voler les WE d’avril à fin septembre ou en camps d’été. Au cours de sa troisième année, le cadet « senior » aura l’occasion de se perfectionner au vol de performance lors d’un stage en France et peut être se voir sélectionné pour un échange international de cadets de l’air (car il existe des organisations similaires dans de nombreux pays) avant de quitter l’association en décembre de l’année de ses 19 ans.

L’écolage se déroule sur AMS Flight DG 505 Elan Orion dont 4 exemplaires sont en service depuis 2001. Ici le PL 44 OO-YDG vu à Florennes en 2019 en compagnie du LB-03, un des 6 Piper L21B Super Cub remorqueurs en service depuis 1975. (Photo: Jean-Pierre Decock)
Autre planeur qui sert pour l’écolage, le Grob G-103A Twin Astir II Acro PL 97 au décollage au treuil à Weelde en 2012. (Photo Jean-Pierre Decock)

Cadet un jour, cadet toujours
Être cadet de l’air, c’est non seulement assouvir une passion pour l’aviation (à coût réduit) mais aussi vivre une belle aventure humaine faite de valeurs, de respect et d’amitié. Au cours de la soirée, deux cadets le souligneront dans leur allocution en évoquant leur vécu de l’année écoulée, depuis leur stage initial à Bourg-Léopold à Pâques et le camp de vol en été. Cette remise des ailes sera aussi l’occasion pour deux papas d’évoquer l’évolution positive qu’ils ont perçue dans le caractère et la maturité de leur enfant au cours de cette première année aux CDA.

Deux cadets évoquent ce qu’a représenté pour eux cette première année aux cadets.
L’ancien ASK 13 PL66, remis à neuf en 2013/2014, arbore toujours la cocarde des CDA sur la dérive.

Pour avoir été cadet de l’air à la fin des années soixante, je ne peux que souscrire à leurs commentaires. La formation reçue et les amis que je m’y suis fait restent parmi mes meilleurs souvenirs d’adolescent au point que j’ai acquis en 2004 le PL66, dernier ASK 13 des CDA, qui vole aujourd’hui à Temploux dans de nouvelles couleurs mais en arborant toujours la cocarde des CDA.

Vous avez 15 ou 16 ans, vous aimez l’aviation et avez envie de voler, n’hésitez pas! Vous trouverez tous les renseignements ici: www.belgianaircadets.be

Robert Verhegghen
Photos: Jean-Pierre Decock, SID, Robert Verhegghen

 
Bob Verhegghen

Bob Verhegghen

Né au Congo en janvier 1952. Passionné d’avions militaires et de maquettes dès mon plus jeune âge. Auteur de nombreux articles historiques et ou de maquettisme sur la force Aérienne dans diverses revues et dans la revue KIT de l’IPMS Belgium. J’ai un intérêt particulier pour les planeurs anciens, la Force Aérienne d’après-guerre et les T-6, (R) F-84F, et Mirage. J’ai le soucis de l’exactitude et du détail pour mes maquettes. Pilote de planeur depuis 1977, instructeur avec près de 900 heures de vol je suis l’heureux copropriétaire de l’ASK-13 ex PL-66 des Cadets de l’Air (aujourd’hui D-3438) basé à Temploux.

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