Bruxelles, le 24 novembre 2016. L'exposition « Sabena. Voyagez avec style » retrace l'histoire de la Sabena, de ses débuts jusqu'au 7 novembre 2001, jour de la chute du rideau sur notre fierté aéronautique nationale. Cette exposition temporaire se concentre sur les années glorieuses de 1950 à 1970. L'exposition se tiendra du 24 novembre 2016 au 10 septembre 2017 à l'Atomium.
L'exposition Sabena offre un aperçu unique de l'univers confortable, élégant et enchanteur de Sabena. Les visiteurs suivent un parcours thématique, suivant virtuellement les pas du voyageur, de l'enregistrement à l'aéroport jusqu'à l'atterrissage. Outre des photographies et des affiches uniques issues des archives de Sabena, de nombreux objets originaux, tels que des maquettes d'avions, des uniformes, des documents et des souvenirs issus de collections privées et publiques, sont également exposés. La rédaction de Hangar Flying exposera également des pièces de ses collections aéronautiques.
La scénographie a été réalisée par l'agence de production gantoise Pièce Montée (www.piecemontee.beLeur création s'intègre parfaitement à l'Atomium. Une équipe créative composée de designers, chercheurs, graphistes, passionnés de langues, historiens, designers d'intérieur et concepteurs d'éclairage a réalisé un travail remarquable. Même le mobilier qui les accueille a été spécialement conçu pour cette exposition par leurs menuisiers et ferronniers.
Discours d'introduction d'Henri Simons, directeur de l'Atomium. À ses côtés, Kristin Van Damme, historienne et coordinatrice du projet d'exposition Pièce Montée. |
À l'époque, avant l'avènement des compagnies aériennes low cost, les voyages étaient réservés à l'élite, à ceux qui aspiraient au glamour et aux paillettes. Le slogan « Avec Sabena, vous êtes entre de bonnes mains » promettait un transport synonyme de confort et de luxe. De nombreux anciens membres d'équipage et techniciens de Sabena étaient présents au vernissage. Ils rayonnaient de joie, leur compagnie aérienne chérie étant à nouveau au centre de l'attention. Avec leur prestance majestueuse et authentique, ils se sont adressés à la presse et au public. Jeannine Martiny était l'une d'elles.
| Bien sûr, de nombreux anciens employés de la Sabena étaient présents à ce vernissage convivial. Nombre d'entre eux arboraient encore fièrement leur uniforme, comme Jeannine Martiny ici présente. |
Jeannine : « Le 21 février 1969, j'ai commencé à voler comme hôtesse de l'air pour Sabena. Nous étions simultanément qualifiées sur quatre types d'avions : le DC-3, le Fokker Friendship, la Caravelle et le Boeing 727. Au début, je volais vers Eindhoven cinq fois par jour. Après huit ans de vols en Europe, je suis passée au Boeing 707. Après un an de vols long-courriers, j'ai dû retourner sur le réseau européen, cette fois comme membre du personnel de cabine. À cette époque, Sabena utilisait principalement le Boeing 737 en Europe, que j'ai piloté pendant six ans. Vers 1984, j'ai dû devenir commissaire de bord senior, travaillant sur l'Airbus A310 et le Douglas DC-10. J'ai beaucoup apprécié travailler sur ces vols long-courriers. On pouvait prendre le temps d'offrir un service optimal aux passagers et on rencontrait des gens de toutes nationalités et cultures. On volait vers de nombreux sites d'atterrissage intéressants que l'on pouvait également visiter pendant nos pauses. Là, on pouvait soudainement recevoir un appel téléphonique. On nous demandait si nous voulions aller… partir pour une destination imprévue. C’était une période merveilleuse chez Sabena. En 1994, le directeur Pierre Godfroid a lancé une restructuration de Sabena. Les employés de plus de 50 ans ont été soudainement remerciés pour leurs services, et j’en faisais partie. J’ai été très déçu de devoir quitter mes collègues et un emploi que j’aimais profondément. Je garde de magnifiques souvenirs de mon travail et je suis très heureux de pouvoir, lors d’occasions comme ce vernissage, renouer avec des collègues avec qui je peux partager tant de souvenirs inoubliables. Nous étions fiers de faire partie de Sabena, de porter notre uniforme dans tant de villes à travers le monde. Le service et la compétence du personnel étaient internationalement reconnus. Depuis quatorze ans maintenant, je suis bénévole au stand Sabena au Musée de l’Aviation de Bruxelles. Les visiteurs évoquent encore avec beaucoup d’émotion la disparition de notre compagnie aérienne nationale. Malheureusement, des personnes incompétentes ont causé la disparition de Sabena. Mais elles n’ont pas pu effacer l’esprit unique de Sabena ; il est à jamais ancré au cœur de la grande famille Sabena.
| Maquette en coupe du Boeing 747-129 OO-SGA. Un bar pouvant accueillir 32 passagers a été installé au pont supérieur. Des artistes belges comme Médard Tytgat (Jr.) ont peint les parois arrière. |
L'exposition à l'Atomium s'adresse principalement à un public international. Elle retrace les 78 ans de Sabena, fondée le 23 mai 1923 sous l'acronyme « Société Anonyme Belge d'Exploitation de la Navigation Aérienne ». Sabena a longtemps été la troisième plus ancienne compagnie aérienne au monde (après KLM et Qantas), de sa création à l'aéroport de Haren jusqu'à sa disparition brutale en 2001. Elle explore son développement international sur quatre continents et l'expansion de son réseau d'hélicoptères unique, une première absolue pour Sabena. Feu Jean Berger, expert du réseau d'hélicoptères Sabena, me confiait lors d'une interview en avril dernier : « À la fin des années 1950, j'aurais pu prendre un vol Sabena de New York à Melsbroek, et un Sikorsky S-58 m'aurait conduit à l'héliport de Liège. Un tramway s'arrêtait régulièrement juste devant, et je pouvais le prendre jusqu'à mon appartement liégeois. C'était un vrai transport en commun, et dans un confort absolu. »
Gamme d'hélicoptères du réseau Sabena, incluant les Sikorsky S-55 et S-58, le Vertol-44 et le Sud Aviation Alouette II. |
L'exposition recrée l'expérience dans son intégralité, de l'enregistrement et de l'accueil au vol lui-même, en passant par le service et le confort qui rendaient cette expérience exclusive à l'élite. En guise d'introduction, des photographies et des maquettes offrent un aperçu des moments forts de l'histoire de Sabena et de son prédécesseur, Sneta. Parmi les maquettes, on trouve de magnifiques exemplaires, dont une maquette du Concorde. Sabena prit une option sur cet avion en 1965, qui reflétait parfaitement son image. On y découvre des photos, des gadgets et des souvenirs qui illustrent le luxe à bord. À partir de 1952, l'IATA autorisa également une classe touriste. Le marché du voyage s'ouvrit progressivement à un public plus large. Sacs de voyage et souvenirs d'agences de voyages évoquent une époque où l'on trouvait encore d'élégants billets d'avion papier et où les réservations ne se faisaient pas en ligne. Les photographies exposées respirent le prestige, comme celles des couchettes dans le grand avion. avions à hélice, des homards entiers étant servis, etc. Les passagers, auparavant principalement des hommes d'affaires, des diplomates et des coloniaux, ont été complétés dans les années soixante par low cost Touristes. Nous observons l'expansion du réseau, notamment vers Tokyo. Parmi les uniformes trône un kimono traditionnel que les hôtesses japonaises devaient porter lors de l'embarquement de leurs passagers. Le rôle des stewards et des hôtesses est d'ailleurs fortement mis en avant dans l'exposition, et ils le méritent amplement. La sécurité a toujours été une priorité absolue chez Sabena. Des fiches de sécurité datant de différentes époques illustrent l'évolution significative de ce document. Les cartes de route minutieusement dessinées que recevaient les passagers ont désormais été remplacées par des écrans numériques. Chez Sabena, le service à bord et le travail des techniciens étaient irréprochables.
| Uniformes sous verre. Au fond, un gilet Spencer porté par une hôtesse de l'air de première classe (1960-1970) ; devant, un kimono (1969-1978). |
L'exposition explore également l'infrastructure aéroportuaire. La Belgian Airways Agency et Sabena ont collaboré étroitement pendant des années au développement des aéroports belges. La conception des halls de départ et d'arrivée de Bruxelles National à la fin des années 1950 est parallèle à l'histoire de l'Atomium. C'est précisément pourquoi cette exposition Sabena s'inscrit parfaitement dans cette icône belge. L'aluminium était omniprésent dans les deux structures ; pensez au remarquable toit en aluminium en forme d'aile du hall de départ, en plus des sphères en aluminium. Sabena a commandé à des designers comme Alfred Hendrickx la conception de l'intérieur du hall de départ ; ses célèbres sièges S3 sont aujourd'hui rares et recherchés par les amateurs d'art. Auparavant, une icône comme Jules Wabbes avait déjà été chargée de concevoir les intérieurs des DC-6B et DC-7C, entre autres. Certains des magnifiques dessins de Jules Wabbes sont exposés dans une vitrine d'exposition.
Des affiches ornent l'intérieur des tubes reliant les sphères de l'Atomium de l'exposition. Sabena disposait de sa propre équipe de conception pour ses affiches et publications, ainsi que de ses propres photographes, qui nous ont laissé de véritables œuvres d'art. L'affiche de l'exposition présente une photo unique, déjà utilisée pour une exposition précédente, mais qui convient parfaitement ici. Une charmante hôtesse en uniforme africain blanc se tient à la porte passager d'un DC-6B. Fidèle à Sabena, cette charmante femme respire le professionnalisme et le service client. La porte elle-même, une fine porte de cabine encore ouverte, nous transporte dans le temps. toboggan d'évacuation avait été traité.
Vitrine d'exposition avec du matériel provenant d'agences de voyages qui ont fait la promotion de Sabena. |
Cette exposition, pleine de légèreté, offre un bon aperçu du prestige de l'ancienne Sabena et ne pose aucune question critique. L'histoire de la compagnie aérienne est trop complexe et l'espace d'exposition disponible trop limité. Quinze ans après sa faillite, nous ne parvenons toujours pas à nous éloigner suffisamment de Sabena pour lui consacrer une histoire objective. Kristin Van Damme, de Piece Montée, a cependant réussi à sélectionner avec soin la vaste collection d'objets et de photographies Sabena conservée à l'Atomium pour une exposition limitée mais captivante. Cela pourrait peut-être inspirer l'idée d'une exposition permanente, à l'instar de nombreuses compagnies aériennes étrangères qui présentent de magnifiques collections. La célèbre exposition Sabena, présentée dans la section aviation du Musée royal de l'Armée et d'Histoire militaire, est soutenue par des bénévoles enthousiastes. Elle mériterait un soutien professionnel encore plus important, tant sur le plan financier que scénographique. Et n'est-il pas grand temps de sauver les archives Sabena d'une nouvelle démolition ?
![]() | La manutention du fret est également brièvement abordée, avec, entre autres, une belle maquette du Bristol 170 Mk.32 Freighter G-APAU, construite par Luc Barry. |
Lors du vernissage, nous avons également constaté que de nombreux visiteurs, notamment les jeunes, n'avaient pas encore visité l'Atomium, malgré son importante rénovation en 2006. Ce bâtiment unique, situé dans un magnifique parc où l'on peut encore rêver de l'Exposition universelle de 1958, mérite absolument une visite. L'exposition Sabena offre une occasion unique de visiter le parc du Heysel. À proximité de l'Atomium, je recommande également une visite au Musée Art & Design de l'Atomium. www.adamuseum.be/home-museum-fr.html, un incontournable absolu pour les amateurs de design des années 50.
| L'Atomium offre un cadre unique à cette exposition Sabena. Remarquez, entre autres, les sièges d'un Handley-Page et d'un Fokker F.VII. |
Horaires d'ouverture : tous les jours, de 10 h à 18 h (fermeture de la billetterie à 17 h 30). L'accès à l'exposition Sabena (niveaux 4, 5 et 6) est inclus dans la visite de l'Atomium et n'entraîne donc aucun supplément. Voir les tarifs d'entrée à l'Atomium (www.atomium.be).
Frans Van Humbeek
Photos : Manu Godfroid


