Saint-Trond, le 8 octobre 2025. Le 23 septembre 2025 est un jour spécial qui restera gravé dans les mémoires, non seulement de la base aérienne de Florennes, mais aussi de l'Armée de l'air et de la Défense. Le SkyGuardian, un drone haut de gamme, y sera accueilli en présence de nombreuses autorités civiles et militaires. Cet appareil permettra à la Belgique de se faire connaître comme utilisateur d'un drone doté de capacités inédites en matière de reconnaissance aérienne stratégique et tactique, avec en prime le déploiement cinétique.
Tout d’abord, une attention particulière à la terminologie
Pour ceux qui souhaitent approfondir le parcours ambitieux du SkyGuardian, nous vous invitons à consulter la publication de juin 2024 de ce magazine, qui couvre en détail ce nouveau venu (Hangar Flying, juin 2024). Cet article apportera quelques précisions et précisions, aboutissant à la présentation officielle du SkyGuardian à Florennes le 23 septembre 2025.
Avant de relater le déroulement de cet après-midi mémorable, un point mérite d'être rappelé : la terminologie. Au cours des dernières décennies, le terme « drone » a évolué pour désigner collectivement les appareils qui perturbent les opérations militaires de diverses manières et avec une intensité croissante, ainsi que la vie quotidienne du citoyen. Ce constat est de plus en plus évident dans les médias, notamment dans la presse spécialisée.
Si l'on remonte quelques décennies en arrière, on trouve une définition fondamentale dans l'édition 1968 de la Grote Winkler Prins Encyclopedia d'Elsevier : « Le drone est le terme américain désignant un moyen de transport terrestre, maritime ou aérien, contrôlé à distance ou automatiquement. » La persistance de cette terminologie américaine pendant de nombreuses décennies est un signe des temps. La popularité du terme drone est sans aucun doute une conséquence de l'influence mondiale du pays – malgré toute la concurrence – où les applications militaires du drone ouvrent un nouveau chapitre de la réflexion tactique et stratégique et de la guerre. De fait, les États-Unis ont toujours cherché à se profiler comme un havre pour les drones, où les technologies innovantes, ainsi que la diversité des publications sur leur utilisation, sont considérables et diversifiées, sans pour autant entretenir un secret excessif.
Le Département de la Défense des États-Unis (DOD) a finalement pris l'initiative de moderniser le terme « drone ». Le terme « véhicule aérien sans pilote » (UAV) allait devenir la seule désignation officielle acceptée pendant plusieurs décennies. Cependant, depuis le début du millénaire, des frictions croissantes se sont manifestées dans les publications universitaires et même lors de conférences internationales, plaidant pour que le terme « drone » soit enfin plus approprié.
Lors de la réunion informelle de l'OACI sur les drones, tenue à Montréal en 2006, l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI) a formulé une proposition qui allait avoir un retentissement considérable. Cette proposition a finalement abouti à une décision, ajoutant le terme « aéronef télépiloté » (ATP) au vocabulaire de référence.
Pour l'armée de l'air américaine (USAF), il est clair qu'à partir du XXIe siècle, seule la terminologie « RPA » peut être utilisée. En dehors de l'USAF, la terminologie relative aux drones demeure toutefois confuse. Lors des discussions sur les drones au Congrès américain, les termes drone, UAV et RPA sont souvent confondus. C'est l'armée américaine, en tant qu'utilisateur croissant de drones, qui utilise obstinément le terme UAV, souvent au grand dam de l'USAF. On observe également qu'au sein de la Force aérienne belge, ni drone ni UAV ne sont couramment utilisés, et que « RPA » est le terme privilégié. On constate néanmoins que la rigueur linguistique souhaitée fait souvent défaut lors des entretiens et dans les divers plans et correspondances où sont mentionnés les hauts gradés de la Défense et de l'Armée de l'air belges.
Nous comprenons parfaitement que le terme « drone » évoque souvent des connotations inquiétantes, notamment en lien avec les interventions impliquant l'utilisation de « drones tueurs ». Il existe indéniablement une pression générale pour bannir ce terme de tout vocabulaire. Les fabricants de drones civils, cependant, hésitent à se débarrasser d'un terme familier au grand public. Nous savons également qu'un drone est traditionnellement associé à un objet banal, souvent utilisé pour les exercices de tir. Il n'évoque pas vraiment les applications intelligentes et progressistes auxquelles les drones sont pourtant adaptés. Malgré ses connotations péjoratives, « drone » reste notre terme de prédilection. Le concept est et restera clairement reconnaissable par le grand public.
Avec la guerre en Ukraine, le drone est devenu bien plus qu'un simple phénomène de mode, confrontant les chefs de guerre du XXIe siècle à de nouvelles menaces qui les obligent à développer de nouveaux concepts tactiques. Les médias nous informent régulièrement que le drone dit « kamikaze » cause des morts et des destructions de plus en plus horribles. Cependant, l'utilisation de ces appareils suscite également un mécontentement terminologique. À cet égard, il convient de citer la définition généralement acceptée d'un drone, qui était jusqu'à présent courante dans les milieux militaires et universitaires. En résumé, elle est la suivante : un drone est un aéronef sans pilote, télécommandé ou opérant de manière autonome, qui revient à son point de départ de manière réutilisable. C'est principalement cette capacité de retour qui distingue un drone, par exemple, d'un missile V-1 de la Seconde Guerre mondiale, premier missile de croisière au monde, ou d'un avion à réaction sans pilote, précurseur du missile de croisière.
La grande majorité des navires kamikazes en Ukraine ne sont donc pas des drones car, après avoir tiré, ils volent de manière autonome vers leur cible selon des coordonnées prédéfinies sans aucun changement de cap, et s'écrasent dessus.
Français La corruption croissante du terme « drone » peut même être constatée dans la toute nouvelle Vision stratégique 2025, pour laquelle le ministre de la Défense Theo Francken a reçu l'approbation politique le 18 juillet 2025. Dans « Annexe C (2025) : Développement des capacités vers 2035 », nous trouvons une phrase remarquable : « Les drones d'attaque à usage unique, également appelés munitions rôdeuses, explosent à l'impact ou sur commande une fois la cible identifiée. »
Laissons de côté cette digression terminologique sur le concept de drone pour consacrer toute notre attention à l'accueil du SkyGuardian au sein de la Force Aérienne Belge.
La préparation, la photo parfaite
La nécessité de pouvoir débuter le déploiement du SkyGuardian dans les meilleures conditions est illustrée par une première étape importante franchie le 4 juillet 2022. Ce jour-là, la ministre de la Défense, Ludivine Dedonder, a posé la première pierre de la nouvelle infrastructure du SkyGuardian MQ-9B. Le communiqué de presse du ministère de la Défense indique que ce complexe moderne et durable comprendra trois sections principales : une zone administrative, une zone opérationnelle abritant les postes de contrôle au sol (GCS) ou cockpits et le simulateur de vol, et une troisième zone avec un nouveau hangar de maintenance pour les RPA. La première livraison du MQ-9B est prévue pour 2024.
Dans le cadre du processus menant à l'arrivée du MQ-9B, un accord bilatéral clé mérite une attention particulière. Le Royaume-Uni, qui a décidé d'acquérir le Protector RG1 pour remplacer son MQ-9A Reaper alors que son successeur était encore en développement, deviendra un partenaire clé de la Défense belge. Le SkyGuardian sera le pendant du Protector. Une collaboration de grande envergure est donc une évidence, qui se concrétisera en août 2020 par un accord d'intention. Un protocole d'accord (MOU) suivra le 5 avril 2023, permettant une collaboration étroite dans divers domaines tels que la certification, la formation, la maintenance et le soutien logistique. Ce MOU servira d'impulsion à l'expansion du Programme international de coopération MQ-9B (MCIP), que la Royal Air Force (RAF) mettra bientôt en place. La Belgique deviendra le premier membre international du MCIP. Dans les années à venir, de nombreux nouveaux utilisateurs du MQ-9B rejoindront le MCIP.
La réactivation du 2e Escadron, qui sera désormais autorisé à identifier sa comète symbolique avec le SkyGuardian, et la confirmation du ministère de la Défense que le développement du drone a été retardé pour diverses raisons, sont encore quelques points d'attention importants pour 2023.

L'année suivante, nous pouvons nous réjouir de l'achèvement progressif de plusieurs points importants du programme, qui permettront une mise en service sans heurts du SkyGuardian par le 2e Escadron à Florennes. Les six premiers équipages terminent leur formation complète, commençant par le cours de base à Grand Forks, dans le Dakota du Nord, suivi d'un entraînement en vol réel depuis El Mirage, en Californie.
Le premier simulateur de vol sera livré à Florennes le 16 octobre 2024. Une nouvelle peut-être moins réjouissante est la livraison des deux hangars pliables, essentiels au déploiement du MQ-9B à l'étranger. Ces hangars seront stockés dans douze conteneurs, gérés et déployés selon les besoins par l'unité d'hébergement de campagne spécialisée de Beauvechain.
2025 sera l’année de la vérité, lorsque les efforts de nombreux acteurs au cours des dernières années culmineront dans le point culminant absolu avec le déploiement du SkyGuardian depuis sa base d’origine.
L'année commence d'ailleurs sur une note positive. Ces dernières années, il était clair que la Belgique deviendrait le seul opérateur de drones à déployer ses MQ-9B lors d'opérations sans armement. Le sujet a été vivement débattu lors de la précédente législature. L'aile gauche du gouvernement Vivaldi considérait comme éthiquement irresponsable le déploiement cinétique d'un drone, même en sachant qu'un jugement humain expert précéderait toujours tout déploiement cinétique. En janvier 2025, les cinq partis de l'Arizona du nouveau gouvernement sont parvenus à un accord sans difficulté. Le SkyGuardian belge sera également armé à l'avenir.
Le 20 février 2025, une étape importante sera franchie. Ce jour-là, le premier MQ-9B belge effectuera son vol inaugural depuis le centre d'opérations aériennes Desert Horizon de General Atomics Aeronautical Systems, Inc. (GA-ASI) à El Mirage, en Californie. Ce vol était le premier d'une série d'essais au sol et de vols qui seront terminés avec succès le 17 juillet, permettant ainsi l'annonce officielle de la fin des procédures de tests d'acceptation cinq jours plus tard. L'achèvement de l'ensemble du programme de formation ne passera pas inaperçu auprès de l'Armée de l'air. Chacun peut suivre cette nouvelle pleine de fierté et d'encouragement sur les réseaux sociaux.

La dernière ligne droite ne durera finalement que quelques semaines. Le 18 août 2025, un A400M livrera le premier SkyGuardian soigneusement emballé à Florennes. Notre avion de transport stratégique de la 15e Escadre de transport aérien de Melsbroek mérite donc lui aussi sa place dans les annales, qui tiendront dûment compte de cette étape importante. Cet événement réjouissant sera à nouveau relayé sur les réseaux sociaux.

Nous souhaitons apporter quelques commentaires concernant les informations diffusées concernant l'arrivée du SkyGuardian à sa base. La consultation de diverses sources illustrant le transport du prédécesseur du MQ-9B – le MQ-9A Reaper – révèle que le transport du drone démonté nécessite plus qu'un simple conteneur de douze mètres de long.

De plus, la publication sur les réseaux sociaux ne mentionne pas la capacité de déploiement cinétique du SkyGuardian dans un avenir proche. Cette possibilité peut encore être sensible, mais elle contribue à fournir un maximum d'informations.
Dans les semaines précédant l'inauguration officielle, la 2e Escadre Tactique de Florennes s'active pour préparer cette grande première. On attend également avec impatience le moment privilégié où le SkyGuardian s'envolera pour la première fois dans l'espace aérien belge. Après tout, plusieurs vols d'essai fonctionnels doivent encore être effectués avant l'inauguration. Les observateurs attendent avec impatience de pouvoir filmer un vol. Le radar de vol surveille également de près les vols à destination et en provenance de Florennes.
Le 10 septembre, COMET 01 apparaît brièvement sur Flightradar, qui montre la trajectoire de son vol inaugural. Ce jour-là, le MQ-9B décolle pour l'espace aérien au-dessus de Marche-en-Famenne, volant pendant environ deux heures à une altitude de 5 000 mètres dans l'espace aérien réservé aux opérations militaires. Lors de l'approche de Florennes, un observateur patient photographie le drone pour la première fois. COMET 01 apparaît également sporadiquement sur Flightradar les jours suivants, notamment lors du vol du 17 septembre à une altitude de 2 800 pieds, cap au nord-ouest, à quelques kilomètres à l'ouest de Saint-Trond.

Il n'y a donc plus aucun doute. En moins d'un mois, la précieuse cargaison de composants soigneusement emballés a été transformée en SkyGuardian, qui, avec tout son équipement de communication, est prêt pour son inauguration officielle. La 2e Escadre Tactique de Florennes et le personnel du 2e Escadron sont prêts et ont fièrement hâte de présenter leur SkyGuardian à la haute direction du ministère de la Défense, à un public restreint et aux médias.
L'accueil, un spectacle captivant
Toute personne qui voyageait sur la N97 Dinant-Philippeville en début d'après-midi du 23 septembre
Des embouteillages ont dû être anticipés à l'entrée de la base aérienne de Florennes. La plupart des véhicules se sont dirigés vers l'entrée principale pour se garer, après un contrôle sans incident, près du lieu où se déroulera le premier événement spécial de l'automne.

Le tout nouveau bâtiment qui abrite le 2e Escadron depuis un certain temps fait forte impression. Le spacieux hangar où les SkyGuardians peuvent stationner accueille désormais un public nombreux et curieux. Plusieurs personnalités prendront place à la tribune pour prononcer quelques discours clés qui caractérisent l'ensemble du programme SkyGuardian.
Le colonel Avi BEM Vincent Maniet, commandant de la 2e Escadre tactique, a ouvert les brèves présentations. Les participants étaient particulièrement curieux de savoir quand le nouveau fleuron de son unité serait dévoilé. Le MQ-9B a décollé à 10.00 h et décollera vers 16.00 h, avant de se garer quelques minutes plus tard sur le parking accessible adjacent au hangar, transformé en salle de réception.
Tous les intervenants suivants respecteront le programme strict. Ils mettront tous l'accent sur les capacités uniques de la plateforme SkyGuardian, avec ses capteurs révolutionnaires et son autonomie de vol de 40 heures. L'avion sera capable d'évoluer dans n'importe quel espace aérien, même pour une mission de reconnaissance stratégique polyvalente et spectaculaire, incluant le déploiement éventuel d'armes.
Le ministre de la Défense Theo Francken a expliqué plusieurs points de son récent plan stratégique, rappelant que la flotte de drones comprend six appareils, dont les quatre actuels seront complétés par un troisième système modernisé de deux MQ-9B à partir de 2027.

Ni le chef d'état-major des armées, le général Fred Vansina, ni le chef d'état-major des forces aériennes, le général de division Geert Dedecker, n'ont apporté de nouvelles significatives. Le dernier intervenant était le PDG de GA-ASI, M. Linden Blue, qui a fièrement annoncé que ses drones, depuis leur premier déploiement militaire il y a plus de 30 ans, ont récemment franchi le cap sans précédent des neuf millions d'heures de vol. Le partenariat industriel de GA-ASI avec la Belgique, qui représentera un investissement de 3.000.000 millions de dollars dans des projets de recherche et développement prometteurs au cours des dix prochaines années, méritait également d'être mentionné. Lors de sa présentation, l'attention du public sera probablement attirée sur l'appréciation positive de la collaboration avec la Défense tout au long du projet. La présentation de son entreprise a également abordé le passé, le présent et l'avenir. La vidéo d'illustration qui l'accompagne présente toutefois quelques points saillants. Les capacités du Mojave expérimental, capable de soutenir des troupes au sol grâce à un canon embarqué, et son atterrissage de démonstration sur un porte-avions pourraient ne pas susciter de besoin opérationnel belge. La courte vidéo illustrant le début des récents vols d'essai du YFQ-42A pourrait toutefois véhiculer un message discret. Cet appareil fait partie du projet CCA (Collaborative Combat Aircraft, également appelé Loyal Wingman ou Manned Unmanned Teaming), dans lequel les drones feront bientôt partie du nouveau concept opérationnel de l'USAF. Par exemple, un chasseur ou un bombardier pourrait être accompagné de plusieurs drones de combat consommables qui devraient faciliter le travail de l'avion parent.



La Vision stratégique 2025 du ministère de la Défense accorde déjà une attention considérable à ce concept, et un investissement significatif est prévu, comme le confirme la citation suivante : « Enfin, la flotte d'avions de combat sera renforcée par des systèmes sans pilote (Manned Unmanned Teaming – MUM-T). Le développement des capacités sera continu (y compris le Manned Unmanned Teaming MUM-T). 2027 est la première année d'engagement pour un montant de 419 589 040 €. »
Bien sûr, les personnes présentes ont absorbé avec attention les informations des intervenants. Mais le véritable point culminant de l'après-midi se déroule à l'extérieur. Avec une hâte mesurée, le public curieux prend place derrière les barrières, ce qui lui permet d'observer la suite depuis un point de vue idéal. Photographes amateurs et caméramans professionnels sont prêts à immortaliser le nouveau venu annoncé sur leurs écrans. La patience des yeux scrutant l'ouest n'est pas mise à rude épreuve. À l'heure annoncée, le point du SkyGuardian au-dessus de l'horizon se transforme en un élégant avion qui, à quelques centaines de mètres d'altitude, disparaît dans une courbe gracieuse vers le sud, dans un léger bourdonnement au-dessus des têtes émerveillées.

Le moment de gloire survint quelques minutes plus tard, lorsque le SkyGuardian réalisa un atterrissage parfait. Sous un vent latéral modéré, l'avion s'immobilisa à quelques centaines de mètres au milieu de la piste principale, achevant ainsi sa procédure d'atterrissage automatique. Après quelques instants, l'appareil reprit sa route, désormais sous le contrôle manuel du télépilote depuis son cockpit. Le MQ-9B avançait à pas de tortue vers le groupe d'accueil enthousiaste. La vitesse du tricycle était limitée technologiquement pour des raisons évidentes – un luxe non superflu pour un avion de 24 mètres d'envergure qui préfère éviter tout obstacle sur son chemin vers le parking.


Traditionnellement, les pompiers procèdent au baptême solennel du SkyGuardian, qui s'immobilise à une cinquantaine de mètres des spectateurs. Après la brève inspection prévue après l'arrêt du moteur, la direction du ministère de la Défense peut s'approcher de leur nouveau venu. Les barrières s'ouvrent ensuite et tous les participants peuvent admirer l'équipement haut de gamme dont dispose désormais le ministère de la Défense. Bien entendu, les poses pour le SkyGuardian sont nombreuses, filmées sous différents angles. Les interviews de journalistes de la presse écrite, de la radio et de la télévision se succèdent à un rythme soutenu.


Visiblement satisfaits, les participants sont retournés au bout d'un moment à la salle des fêtes, où tout avait été préparé pour la réception et le dîner ambulant. Dans une telle ambiance conviviale, on peut toujours glaner des informations intéressantes. Par exemple, j'ai appris qu'il n'y avait pas actuellement six, mais sept équipages disponibles pour maintenir le SkyGuardian opérationnel pendant une quarantaine d'heures. Deux des télépilotes restent également qualifiés sur F-16 et voleront au sein du 350e Escadron jusqu'en 2028, date à laquelle le F-16 de Florennes sera définitivement déclassé. Lors de mon observation curieuse en plein air des antennes satellites qui surveillent les mouvements du MQ-9B dans l'espace aérien, ma recherche visuelle s'est avérée infructueuse. Lors d'une conversation informelle, j'ai appris que ces antennes se trouvent à Marche-en-Famenne, d'où la distance d'environ 50 km jusqu'à Florennes est couverte par une fibre optique, ce qui permet une utilisation sans interférence du SkyGuardian.
L'accueil des SkyGuardian a été, dans l'ensemble, un événement qui a impressionné tous les participants. L'organisation s'est déroulée sans accroc, et la 2e Escadre tactique mérite tous les éloges.
Cette observation a également été relayée par les médias, qui lui ont accordé une couverture médiatique abondante et positive. Les jours suivants, le MQ-9B a régulièrement survolé l'espace aérien belge, se laissant suivre à travers la Belgique par des systèmes de suivi de vol tels que Flightradar. Sa présence dans l'espace aérien limbourgeois le 2 octobre n'est pas passée inaperçue. Le premier survol à basse altitude de Kleine Brogel par la 10e Escadre tactique a été filmé par un observateur. Le journal Het Belang van Limburg a même rapporté sa présence dans l'espace aérien limbourgeois, en texte et en images.

Le déploiement de l’utilisation opérationnelle du MQ-9B et quelques réflexions sur le contenu des différentes présentations qui ont précédé l’accueil méritent également une brève attention.
Quelques commentaires en marge
Le fait que le ministre de la Défense, Theo Francken, ait été le seul à mentionner six SkyGuardians lors de sa présentation, faisant allusion, comme d'autres intervenants, à leur potentiel futur rôle maritime, est quelque peu surprenant. L'attention n'est pas seulement attirée sur la nécessité de renforcer la surveillance maritime sur le territoire belge. De plus, avec ce nouvel acteur, une coordination devra être mise en place entre les différentes agences déployant des avions et différents types de drones afin de fournir les meilleures informations possibles au Centre d'information maritime de Zeebrugge.
Il est également surprenant qu'aucun intervenant n'ait abordé le sort de l'Eurodrone 2025, prévu depuis des années. À l'époque, certains avaient appelé à considérer l'achat du SkyGuardian comme une solution provisoire. Cependant, la conviction que le projet Eurodrone permettrait d'assurer l'autonomie stratégique européenne a été considérablement ébranlée. Le fait que l'Allemagne, la France, l'Italie et l'Espagne ne parlent désormais que de l'Eurodrone est un signe des temps. La participation industrielle, comme pour les précédents projets de drones européens ayant échoué, reste une question épineuse. Le fait que la France tente de se retirer du programme pour un drone qui n'a pas encore volé est alarmant. L'achat d'alternatives moins chères et plus facilement disponibles, qui ne soient pas encore technologiquement obsolètes comme l'Aarok français, pourrait être une solution, du moins pour la France.
Il convient également de mentionner que le SkyGuardian MQ-9B est utilisé uniquement par le Royaume-Uni et la Belgique, et qu'il a également été acquis par la Pologne et le Danemark. Le Reaper MQ-9A, technologiquement inférieur à son successeur, est utilisé par les Pays-Bas, la France, l'Italie, l'Espagne, la Pologne et le Royaume-Uni, où il sera progressivement retiré du service avec l'arrivée du Protector.
Les différents intervenants ont clairement expliqué en quoi l'introduction du SkyGuardian représente une mise à niveau opérationnelle significative pour la Défense belge. L'importance cruciale de la coopération avec le Royaume-Uni, pionnier européen des drones en général et premier utilisateur du Protector/SkyGuardian en particulier, méritait une brève explication. Les accords bilatéraux, forts de l'expérience britannique, faciliteront la certification initiale de l'avion belge et contribueront à la formation du personnel opérationnel et technique. Ce partenariat offre également un outil commun important pour l'acquisition de systèmes et d'équipements. Les enseignements tirés de la trajectoire britannique, du premier vol du Protector à Waddington le 17 novembre 2023 à l'annonce de sa mise en service opérationnel le 16 juin 2025, contribueront sans aucun doute au succès de la mise en œuvre de l'homologue belge.
Lors de la phase d'introduction du Protector, une étape importante a été franchie le 25 avril 2025. Ce jour-là, l'Autorité de l'aviation militaire britannique a accordé le certificat de type militaire (MTC), permettant au Protector RG1 d'opérer dans l'espace aérien britannique sans restrictions géographiques. Une annonce similaire concernant l'utilisation du SkyGuardian dans l'espace aérien belge devrait suivre prochainement. Il est important de noter que le MTC autorise les opérations aériennes dans l'espace aérien civil conformément aux exigences de navigabilité et de sécurité, mais cela ne signifie pas que le radar Due Regard (DRR) complet soit installé. La liste officielle des équipements installés dans le GA-ASI/Protector à partir de mi-2025 ne mentionne pas le DRR. Cependant, toutes les installations nécessaires sont en place pour l'installer. Bien que le MQ-9B dispose de l'équipement nécessaire pour obtenir le MTC au Royaume-Uni, il n'est pas encore équipé de la technologie DRR unique, qui permet l'évitement d'obstacles en vol en toutes circonstances. Nous supposons que la version belge se trouve dans une situation identique.
De la série de questions pertinentes abordées lors des entretiens avec la haute direction de la Défense, plusieurs sujets importants ressortent qui pourraient être complétés par une touche de contexte.
Il va sans dire que le SkyGuardian ne doit être déployé que dans les espaces aériens où la supériorité aérienne absolue est assurée. Après tout, le drone ne dispose pas de capacités d'autodéfense adéquates. On ne peut reprocher à GA-ASI de pallier passivement cette lacune. Depuis de nombreuses années, des programmes de tests réussis ont été lancés, offrant des capacités d'autodéfense grâce à ses propres investissements.


Le crash d'un Reaper américain en mer Noire le 14 mars 2023, après une collision vraisemblablement intentionnelle avec un chasseur russe Su-27 Flanker, n'a guère marqué l'USAF. Lorsque les médias ont rapporté en avril 2025 que les rebelles houthis au Yémen avaient récemment abattu sept Reaper, l'USAF, qui n'a pas démenti ces informations, est restée indifférente. Les trophées des Houthis ont été vantés avec enthousiasme sur les réseaux sociaux. L'USAF pourrait en tirer une leçon : les défenses aériennes de fabrication iranienne gagnent en efficacité.


L'armement futur de notre SkyGuardian est un autre sujet récurrent abordé par les intervieweurs auprès du ministre Theo Francken et d'autres hauts responsables de l'armée de l'air. La teneur des différentes réponses ne semble inquiéter personne. Une intervention humaine sera toujours nécessaire pour tirer sur une cible, quelle qu'elle soit, et les dommages collatéraux potentiels seront soigneusement évalués au préalable. Il est également rappelé que le tir d'une arme depuis un drone, qui voit en temps réel comment les troupes amies sont acculées, est la solution évidente acceptée par la plupart des pays.
Il faudra encore plusieurs années avant que nos propres SkyGuardians armés soient disponibles. Cependant, il est déjà quasiment certain que les Britanniques seront appelés à déployer leur missile air-sol Brimstone et leur bombe GBU-12 Paveway de 500 kg. Nous exploiterons également l'arsenal d'armes dont disposera le F-35 à l'avenir.



Des questions se posent parfois quant à la configuration du Protector et du SkyGuardian. On constate que les deux appareils présentent la même forme extérieure, qui diffère effectivement des images parfois diffusées. Il s'agit très souvent d'exemplaires expérimentaux effectuant des vols d'essai aux États-Unis sous immatriculation civile. Divers renflements dans le nez cachent des innovations potentielles susceptibles d'être produites en série. Le renflement derrière le cockpit du Protector et du SkyGuardian pourrait bien faire partie du futur système DRR.
L'antenne, généralement installée sous le nez, derrière le capteur sphérique, est absente du MQ-9B, dont disposent le Royaume-Uni et la Belgique. On suppose que son emplacement est nécessaire à la transmission de données ou aux tests de télémétrie, qui nécessitent une visibilité optimale.
Machines à sous
Nous sommes convaincus que le SkyGuardian demeure le meilleur de sa catégorie et que ses capacités uniques lui valent l'admiration pour les missions militaires et humanitaires, tant sur le plan national qu'international. Notre ministère de la Défense peut renforcer sa réputation, notamment grâce au déploiement du 2e escadron de la 2e escadre tactique de Florennes.
Tandis que je regardais vers le nord depuis le parking pendant la présentation de SkyGuardian, des souvenirs d'il y a plus d'un demi-siècle me sont parfois revenus à la surface. Lorsque j'ai décollé pour la dernière fois le 3 janvier 1973, alors que j'étais encore jeune pilote de chasse au sein du 2e Escadron à bord de mon Mirage BA-17 pour un vol de 35 minutes, je n'aurais jamais pu imaginer que tant d'années plus tard, un drone utiliserait la même piste pour un vol pouvant durer plus de 40 heures.
Le SkyGuardian est entre de bonnes mains au sein du 2e Escadron. Leur comète brillera plus que jamais.

